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Etienne LAURAS

Etienne au sommet de l'Obiou en février 2004.

 

Ingénieur commercial mais avant tout montagnard contemplatif, Etienne n'en est pas moins une vraie force de la nature. Son rôle de père de famille lui a tout naturellement "confisqué" quelques journées en montagne, mais n'a en rien diminué la condition physique du personnage. Il reste toujours difficile à suivre lors des sorties en peaux de phoques, discipline qu'il affectionne en premier lieu. Sa particularité : les gros dénivelés sur de beaux sommets, avec, pour parfaire la qualité de la balade, un attachement à ne pas shunter le point culminant même si cela demande d'acrobatiques pas sur une arête déchiquetée à parcourir en chaussures de ski.

Obiou, février 2004

Cela fait longtemps que je voulais traîner mes spatules sur l'Obiou. Etienne est partant. Il propose de faire le tour des Agards pour réaliser une boucle, tout en skiant le sommet. Ce projet est enthousiasmant : du grand ski, un dénivelé approchant les 2,5 km et le point culminant du Dévoluy à descendre, tout en passant par deux satellites importants : la Cavale et Lapras. Dans la montée vers la principale difficulté alpine, la cascade de la Fuvelle, Etienne attaque et prend quelques conversions d'avance. Heureusement, une pause au pied de la cascade me permet de le retrouver. Etienne a oublié son casque et n'est pas rassuré par la pluie de glaçon qui l'accueille. On passe en courant. Lorsque nous remettons les peaux, je sens l'humidité remonter dans mon dos. Une fois de plus, cette saloperie de poche à eau s'est ouverte. Il reste 1500m de dénivelé, la plupart du temps au soleil, et je n'ai plus d'eau. Je repars énervé mais la beauté du cadre entre les tours calcaires du cirque de la Fuvelle, associée au brouillard qui remonte de la vallée, me remet rapidement dans l'esprit de la course. Nous chaussons les crampons pour attaquer la face sud de l'Obiou mais nous n'avons pas assez de recul pour voir quel couloir faut-il emprunter. J'ai l'impression que c'est cette écharpe à droite, en neige dure, bien raide et exposée mais la difficulté du passage semble supérieure à celle annoncée sur le topo. Nous continuons dans l'axe, sur les traces existantes, pour finalement sortir sur la crête au pied de l'arête du Malpasset. Il aurait donc bien fallu aller à droite. Tant pis ! Nous ne regrettons rien vu l'exposition du passage et la neige qui n'aurait probablement pas ramollie. Etienne tient quand même à aller au sommet de l'Obiou par l'arête du Malpasset. Je suis peu motivé de suivre, crampons aux pieds, ce gros tas de cailloux. Je suis là pour faire du ski. Etienne réussit à me convaincre. Il nous faut une bonne demie-heure pour y arriver. Nous sortons la corde à la descente ; un spit nous permet de nous assurer pour le passage d'un ressaut assez raide : c'est probablement l'arête la plus pourrie que j'ai vue à ce jour. Enfin, c'est fait. Direction l'Evêque puis la Cavale, descente de la face sud à 45° dans une transformée de rêve et là, trace vers la tête de Lapras. Sommet. Restent 1500m de ski vers les gorges de la Souloise. Nous scrutons bien attentivement la carte car il y a une bande de brouillard à traverser et il ne faut pas rater le bon vallon. Nous apprendrons d'ailleurs le lendemain que les traces observées sont celles d'un groupe de skieurs et surfeurs grenoblois, pourtant habitué à la grande pente et qui avaient eu la même idée de circuit que nous, et qui ont payé d'un bivouac, l'oubli de la carte IGN ! Pour nous, l'heure n'est pas au bivouac et nous dévallons le Pivallon au milieu des chamois. Les cuisses commencent un peu à ressentir la longueur de la course dans la forêt qui ramène sur la piste de la Posterle mais rien de bien méchant. Que d'images aujourd'hui !