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Joseph BERTONCINI dit Jo

Jo au sommet des Combeynot
en décembre 2003.

 

Montagnard grenoblois d'origine savoyarde, cet ingénieur en informatique pratique la montagne sous toutes ses formes : escalade, ski mais aussi cascade de glace, activité qu'il affectionne tout particulièrement. Et de manière assidue : il ne s'écoule pas une semaine dans l'année sans qu'il ne sorte. Après plusieurs années de ski de pente, il avait un peu oublié cette pratique. Miais voilà qu'il faut de nouveau s'attendre à le retrouver dans les bons coups à 45° et plus, aidé il est vrai par les fameux RTT.

Septembre 2004, Aiguille Dibona

Jo fait partie de ces montagnards acharnés que j'ai rencontré par le biais de l'équipe Volopress. Mon retour sur Grenoble nous a, inévitablement, animés par le même désir, amené à sortir ensemble en montagne. A l'automne 2004, une belle journée s'annonce, un mercredi comme je les aime. Jo me propose de se libérer la journée. Nous partons très tard de Grenoble le mardi soir pour arriver aux Etages vers minuit. Son fourgon est l'outil parfait pour dormir sur place et attaquer la marche d'approche peu après le réveil. Tout naturellement, il m'a proposé de le prendre pour optimiser l'horaire du lendemain et éviter le pénible rituel du réveil qui sonne (beaucoup) trop tôt. Nous attaquons au petit jour les raides lacets du sentier du Soreiller, et, moins de deux heures plus tard, nous voilà au pied de la mythique aiguille Dibona, dont la face sud est encore à l'ombre. La pause s'impose dans le refuge quasi vide : un guide et ses clients partent pour une traversée d'arêtes, une cordée se prépare pour la voie Madier. Nous, nous avons jeté notre dévolu sur l'historique voie des savoyards, ouverte en 67 par maître Chapoutot et son acolyte Wyns. Les premières longueurs se passent très bien : le rocher est, comme prévu, excellent, il fait bon au soleil et l'équipement, bien que classique sur pitons, ne nécessite par un gros complément. C'est la longueur sous les toits qui nous pose un premier obstacle. Ayant peu grimpé cet été, je suis bien content de voir que c'est le tour de Jo. Mais il bute sur le premier clou et ne le sens pas. Sans perdre de temps, je m'y colle et n'ose pas au même endroit que lui. Ca commence à pinailler et quand je vois la suite de l'équipement dans la fissure au-dessus, je commence à me dire que je n'aurais pas dû sous-estimer cette voie. Je trouve finalement une drôle de solution pour passer : un pendule en évitant d'abord le passage par la droite. Mais au-dessus, le moral revient : la longueur est plus facile qu'il n'en avait l'air et le relais vite atteint. La traversée qui suit est superbe et aérienne : une très belle escalade. dans la longueur sous la vire Boëll, nous perdons encore un peu de temps : un friend est coincé. Jo s'acharne un bon quart d'heure, en vain. Du relais, je redescend en rappel et attaque avec le marteau comme un bourrin. Pas moyen l'objet et bel et bien coincé. Qu'il y reste ! Arrivés à la vire Boëll, l'envie me vient tout naturellement de finir par la classique sud, tant j'en ai entendu des vertes et des pas mûres sur le final en face ouest, qui n'est pas spécialement logique en plus. Mais il est historique. J'avais prévu d'en parler à Jo mais, le couloir Boëll étant vraiment facile, nous le torchons à corde tendu et mes pas se dirigent tout naturellement sur la suite des savoyards. Jo est toujours aussi calme. "Maintenant qu'on est là, on va aller voir, de toutes façons, on a le temps, il est tôt et c'est le grand beau temps, dit-il". Et en général, quand on va voir, on passe ! La suite est connue : les mythes tombent peu à peu, le passage ne s'avère pas si compliqué, et après une dernière belle longueur et une bonne pause déjeuner, nous encapons les rappels et descendons presque en courant sur les étages, ivres de bonheur après une magnifique escalade qui en appelle sans doute d'autres ensemble.