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Salvatore TASSAN dit Dory

Salvatore à Allevard en juillet 2003

 

Difficile de décrire mon Grand-Père, en seulement quelques lignes. Né en 1921 en Italie, c'est la personne qui m'a emmené dès mon plus jeune âge en montagne. Il est l'un des "responsables" de la naissance de ma passion. Ce retraité du bâtiment, aujourd'hui comme depuis longtemps résidant à Allevard dans l'Isère, continue malgré le poids des ans et toujours avec le même plaisir, à arpenter les forêts, essentiellement à la recherche de champignons, son passe-temps favori.

Puy Gris, juillet 1985

Mes grands-parents paternel ont beaucoup contribué à mon éveil. Depuis tout petit, ils m'emmenaient en montagne ou disons simplement dehors : randonnée, sorties champignons, myrtilles... Ma grand-mère Charlotte était heureuse que nous apprécions cela, mon frère et moi. Comme toujours, elle nous bichonait de ses bons petits plats (et c'est d'ailleurs toujours le cas) ! Nous étions là en vacances et c'étaient de vraies vacances. Je lui rend là un hommage particulier et la remercie de tous ces moments à Allevard. Mais l'élément moteur, ce fut le grand-père. Sans griller les étapes, il me fit découvrir peu à peu la montagne. Lacs de Belledonne, Grand Charnier puis ce fameux puy Gris sur lequel je reviens.

Le réveil vient de sonner. Il est 4 heures. C'est la première fois que je me lève si tôt. Objectif : un haut et beau sommet, le puy Gris, dans le massif de Belledonne. Cette ascension, j'en rêvais. J'avais vu des photos de mon grand-père monté là-haut quelques années auparavant. C'est vraiment la haute montagne. 1800 m de dénivelé, un vrai glacier (si si, j'ai une photo datant de 1900, faut voir les crevasses sous la selle du puy Gris et même, en 1985, c'était autre chose que maintenant), un peu d'escalade... Bref, les ingrédients de l'alpinisme à mes yeux. Pour moi, qui n'ai que 12 ans, voir les crampons, le piolet et la corde faire partie de la panoplie est merveilleux. L'ascension est à la hauteur de mes rêves. Le temps est d'un bleu limpide. Le soleil se lève alors que nous prenons pied sur le glacier. Voilà trois heures que nous marchons et nous entrons dans le monde de la haute montagne. Il est vrai que pour celui qui connaît, au cirque du Gleyzin, il ne manque que l'altitude pour être en haute montagne. L'endroit est minéral et glaciaire, encadré par des sommets raides et imposants mais ne dépasse pas la barre fatidique des 3000m. Mais cela ne change rien. Pour moi, nous sommes en haute montagne. Il ne faut pas oublier qu'en 1985, il n'y avait pas la fréquentation d'aujourd'hui. Nous sommes seuls ce qui rajoute une dimension. Parfois, on est déçu d'une balade autour de laquelle il y avait toute une aura. Mais pas là. L'arête passe facilement et, après 5 heures 30 de marche si mes souvenirs sont bons, nous débouchons au sommet, mon Grand-Père, Michel Foggetti, frère de Jean décrit dans ces pages, et moi-même. Dory immortalise l'instant sur la pellicule. Je ne suis pas vraiment fatigué, j'ai surtout faim. La journée est splendide, le saucisson, le pain et le fromage sont de sortie. Si c'était maintenant, nul ne doute qu'en plus, il y aurait la bouteille de rouge. Trois ans plus tard, j'atteignais de nouveau ce sommet en compagnie de Dory mais aussi de mon "petit" frère, Cédric, qui depuis, rêvais lui-aussi d'y aller. En 1993, je me retrouvais à nouveau près du cairn du sommet, en compagnie de Marc et Josiane, mon oncle et tante du Touvet, et de Dory qui réalisait là, à 72 ans, une belle performance. Au retour à la voiture, je sentais comme un pincement au coeur chez lui. Il me confiait que la descente fut plus pénible que la montée et que le genou tirait. Pour lui, il n'y reviendrait plus. Depuis, plus de 10 ans se sont écoulés et si, il a définitivement rangé son matériel de montagne, il est certains coins où les girolles n'ont qu'à bien se tenir.