Juin
99 : nous partons, François, Philou
et moi pour le pic Sans Nom par le Grand
Couloir Nord Ouest. Le regel a
été correct, quelques orages
ont déposé un peu de neige
au-dessus de 3000m, la météo
annonce seulement un risque d'averses pour
la fin de journée. Mis
à part une volée de pierre
qui m'accueille à la rimaye et un
caillou de la taille d'une boule de
pétanque qui rate sa cible pour
quelques millimètres
(c'était la tête de Philou),
tout se passe bien jusqu'au sommet du
couloir et même jusqu'au pic
suivant. J'en profite pour signaler que je
n'ai pas vu le 54° de moyenne
annoncé dans les guides. Le couloir
semble maximum à 50° avec
possibilité de plus raide, selon
comment ont soufflé les vents,
à la sortie et à la rimaye
(ce jour là, c'est un mur vertical
de 15-20 mètres). Il
est 11h au sommet et des nuages assez
denses envahissent déjà le
ciel. On va pas traîner ici. La
suite de l'histoire n'a rien
d'exceptionnel mais prouve que sur le
terrain, il faut parfois suivre son flair
plus que les topos. A la lecture dudit
topo donc, la descente versant
Sélé doit se faire selon un
couloir Sud bien visible (OK) sur 100
mètres puis il faut engager une
traversée descendante sur la gauche
en franchissant arêtes et couloirs
pour trouver la vire. Quelle merde !!!
C'est de la désescalade pourrie,
assez raide avec, par dessus de
marché, des bandes de neige
régulières qui nous
interdisent d'enlever les crampons. Et
puis, on sait jamais s'il faut traverser
ou descendre. Certains passages sont
chauds. On fait tout en solo car
l'assurage prendrait un temps fou et de
plus, c'est vraiment un tas de
caillasses. On
finit, après plusieurs
repérages infructueux, par trouver
la vire que nous traversons. La descente
se termine par un rappel de 25m (pas
signalé dans le topo) difficilement
évitable (y-a-t-il un autre passage
plus commode : j'en doute), en plus sous
une sympatique chute d'eau. Nous parvenons
au glacier à 16h après 4h30
de descente et recherches
d'itinéraire surtout, pour 450m de
dénivelé. Il aurait
été tellement plus simple,
depuis le sommet, ce que nous pensions
faire avant de lire le topo, de descendre
entièrement le premier couloir
jusqu'aux barres qui le soutiennent puis
de traverser à niveau sur la gauche
pour trouver la vire ! 20h,
après un glacier de Sialouze
où l'on s'enfonce jusqu'aux cuisses
et un ravitaillement au refuge du Pelvoux,
nous arrivons à Ailefroide. Putain
de descentes !!! Arc-en-ciel
dans la descente sur le refuge du
Pelvoux. ©
lionel tassan 1999 |