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Volodia SHAHSHAHANI dit Volo

Volo se marre au départ d'une rando en mai 2003.

 

Volo fut un des pionniers du ski extrême dans les années 70. Journaliste de profession, il a largement fait connaître le ski notamment grâce à ses ouvrages. D'abord ski-alpinisme en 1984 puis maintenant la collection Toponeige devenue la référence en la matière et dont il est auteur et créateur. C'est d'ailleurs un praisir de travailler avec lui car il est à la fois, rigoureux, inovateur et déconneur. Il continue à arpenter la montagne skis aux pieds même s'il n'a plus la même patate en montée. Cela ne l'empêche en rien de garder tout son sang-froid comme en témoigne son efficacité lors de l'avalanche de l'Eau-d'Olle en octobre 2003.

Infernet, avril 2001

En débutant le ski de montagne en 1990, je tombe sur un bouquin innovant chez Arthaud, qui plus est, relate de courses dans le secteur d'Allevard (entre autres), massif abordé dans aucun autre ouvrage. Ayant découvert la montagne justement là, la photo de la pyramide de Comberousse enneigée me marque à jamais, moi qui ne la connait que l'été. Elle est encore plus belle ! J'acquiers le bouquin quelques mois plus tard et lit des dizaines de fois les aventures de celui qui m' apparaît comme un dieu du ski. Je rêve à tous ces couloirs tout en sachant que je n'irai jamais mais ne désespère pas de faire un jour quelques courses presque "extrêmes" comme la nord-ouest du rocher Blanc ou les portes de l'Eglise. La dernière, l'Infernet, m'apparaît vraiment comme une folie.
10 ans plus tard, je suis avec Volo au téléphone. Suite à un courrier envoyé tout juste un an auparavant, nous sommes devenus amis et en train de collaborer dans la réalisation d'un ouvrage de skis. Qui l'aurait cru ? Entre temps bien sûr, les portes d'Eglise et autres ont été descendues et sont déjà considérées comme de la balade et j'ai approché les dernières courses du fameux bouquin grâce à quelques couloirs situés dans ce que l'on appelle maintenant "les portes de l'extrême". Mais au-dessus, je n'ose pas. Je suis donc avec Volo au téléphone. "Ca va, lui dis-je ? Ben, on verra demain ! On va à l'Infernet ! Tu viens, me dit-il !" Il me faut réfléchir. Oulà, ça va trop vite là. Prétextant que j'avais déjà projeté autre chose avec quelqu'un je raccroche et réfléchis. Volo me dira par la suite qu'il avait senti cette angoisse, normale quand on projette brutalement une telle course. Un 5.4 !!! Le mythe. Ai-je le niveau ? Et si c'était ma dernière course ?
Le lendemain matin, je découvre ce vallon perché au-dessus d'Oulles (nous ne remontons pas le couloir), ainsi que le compère de Volo, Jean Bouchet, qui m'impressionne par sa détermination. "T'inquiète pas, me dit-il en rigolant, ce soir, ce couloir il sera torché, comme les autres". Outré par tant de mépris envers la grande montagne, je me dis que je ne vais pas être à la hauteur. Sommet. On se penche dans le goulet ! AH quand même !! Quelle impression ! J'ai le ventre noué mais essaye de le cacher. Jean est détendu. Il attaque le premier les virages. Verdict : la neige est bonne. Je laisse passer Volo puis descend. Le premier virage est difficile. Je suis plus impressionné par le mythe que la difficulté réelle du ski. Tout ça c'est dans la tête. Mais peu à peu, la confiance revient et je me surprends même à enchaîner des virages devant tandis que Jean me conseille de me méfier de la neige qui parfois, "prend" les skis. Il repasse devant et gagne le premier le haut du petit rappel qui doit nous "délivrer". Il se vache et renforce l'amarrage tandis que nous le rejoignons en dérapage. Les derniers mètres pour atteindre le relais sont très raides et on approche du"bord du vide".
Tout à coup, c'est la panique : une coulée partie de la contre-pente et due à un effet loupe (saloperie de petit nuage devant le soleil) s'écrase dans le couloir 10m sous Jean. Craignant une autre coulée rejoignant le couloir un peu plus haut (Jean est vaché mais pas nous), nous ne sommes pas tranquilles. Volo propose de remonter, moi, j'accélère le dérapage tout en sortant le piolet au cas où ! Jean nous dit qu'il faut le rejoindre que le relais est installé, que ça va être torché. Finalement, le regroupement s'opère au relais sans autre incident. 20m (seulement en 2001) de rappel plus tard et nous nous retrouvons dans des pentes encore très raides mais qui se calment rapidement et plus du tout exposées. La certitude que la descente est réussie est là : tout le monde se lâche. Un pas encore de franchi et qui ouvre de nouveaux horizons. Merci Volo !